2, chapitre 3, 1b - La piscine Bethesda et le discours du Padre

Publié le par Monique Guillon / La grâce de l'Unité

La piscine Bethesda
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La piscine Bethesda

Chers amis, lecteur, lectrice,

Que ce cache-t-il derrière les garde-fous vus précédemment ! Nous nous approchons d'eux... Venez avec nous !

"Ensuite appuyés sur les garde-fous, les vestiges de la piscine Bethesda apparaissent à notre vue. Près de la largeur de ce périmètre, le Padre nous réunit. La plupart d’entre nous s’assoient sur des bancs scellés au sol. Sous l’ombrage d’un arbre, une minorité s’installe sur le rebord pierreux de l’enceinte des fouilles. Tous, nous écoutons le discours du Padre : « Cette église possède une belle acoustique. Souvent des groupes y louent le Seigneur dans la puissance de l’Esprit Saint. Précédemment face au mur occidental, de la terrasse, la pluie m’a empêché de commenter le lieu. Hors face au temple entendre le discours du Christ est primordial : “Comme quelques-uns parlaient des belles pierres et des offrandes qui faisaient l'ornement du temple, Jésus dit : Les jours viendront où, de ce que vous voyez, il ne restera pas pierre sur pierre qui ne soit renversée.” Lc 21, 5-6. L’étonnement s’empara de ces Juifs. Le temple fut construit durant cinq cents ans. Le Christ leur prophétisa sa destruction, car il est le temple nouveau :Jésus leur répondit: Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai.” Jn 2, 19. Pour ces Juifs, ces pierres leur donnaient un sentiment de stabilité. Ils les croyaient éternelles. Face à ce mur nous sommes renvoyés à la construction de notre vie limitée à ce monde ou celle nous menant vers l’Éternité. Sur Terre à un moment tout sera détruit. Seul l’Amour règnera à jamais. Si nous nous appuyons sur des choses éphémères, nous passeront avec elles. Notre vie n’est que du sable qui disparaîtra un jour. Quand nous voyons les pierres du mur qui s’érodent, nous pouvons nous demander sur quel appui nous calons notre vie. Nos heures sont d’une étonnante fragilité. Dans la louange, ce matin les mots, mon rocher, ma force, ma citadelle, ont égrené notre prière. Le peuple élu a traversé le Sinaï. Les montagnes y sont plus serrées qu’au Néguev. Vous y êtes quasiment protégés. Ce peuple appelle Dieu mon rocher. Le rocher est le nom personnel de Dieu. Ce peuple a fait l’expérience du désert. La grâce proposée à chacun est de trouver un jour l’appui, le seul roc éternel, le Christ. La seule vraie stabilité repose sur Dieu, appui solide tel un roc. Au pied du mur nous le redire est bon. »

   Après un temps d’intériorité le Padre poursuit : « L’église Sainte-Anne et la piscine de Bethesda sont deux sites dans lesquels s’entremêlent les lumières et les ténèbres. Il est écrit que Marie, sainte, vierge et immaculée écrasera la tête du serpent. Marie est née à l’endroit de la construction de l’église Sainte-Anne. À quelques mètres se situe la piscine de Bethesda. Bethesda signifie en hébreu Maison de la grâce. Par son consentement, Marie donne au monde la Lumière, Jésus. La piscine est un lieu païen. L’évangile de saint Jean cite la piscine de Bethesda dans laquelle cohabitent le bien et le mal. Il nous raconte la guérison d’un paralysé, le jour du sabbat : “Après cela, il y eut une fête des Juifs, et Jésus monta à Jérusalem. Or, à Jérusalem, près de la porte des brebis, il existe une piscine qui s'appelle en hébreu Bethesda, et qui a cinq portiques. Sous ces portiques étaient couchés en grand nombre des malades, des aveugles, des boiteux, des paralytiques, qui attendaient le mouvement de l'eau ; car un ange descendait de temps en temps dans la piscine, et agitait l'eau ; et celui qui y descendait le premier après que l'eau avait été agitée était guéri, quelle que fût sa maladie. Là se trouvait un homme malade depuis trente-huit ans. Jésus, l'ayant vu couché, et sachant qu'il était malade depuis longtemps, lui dit : Veux-tu être guéri ? Le malade lui répondit : Seigneur, je n'ai personne pour me jeter dans la piscine quand l'eau est agitée, et, pendant que j'y vais, un autre descend avant moi. Lève-toi, lui dit Jésus, prends ton lit, et marche. Aussitôt cet homme fut guéri ; il prit son lit, et marcha. C’était un jour de sabbat. Les Juifs dirent donc à celui qui avait été guéri : C'est le sabbat ; il ne t'est pas permis d'emporter ton lit. Il leur répondit : Celui qui m'a guéri m'a dit : Prends ton lit, et marche. Ils lui demandèrent : Qui est l'homme qui t'a dit : Prends ton lit, et marche ? Mais celui qui avait été guéri ne savait pas qui c'était ; car Jésus avait disparu de la foule qui était en ce lieu. Depuis, Jésus le trouva dans le temple, et lui dit : Voici, tu as été guéri ; ne pèche plus, de peur qu'il ne t'arrive quelque chose de pire. Cet homme s'en alla, et annonça aux Juifs que c'était Jésus qui l'avait guéri. C'est pourquoi les Juifs poursuivaient Jésus, parce qu'il faisait ces choses le jour du sabbat.” Jn 5, 1-16. Dans ce récit, près de cette piscine, un homme est paralysé depuis trente-huit ans. Le Christ va exercer sur cet homme, un rôle de Vérité. Il l’invite à quitter ses chemins de mort pour choisir ceux de la Vie. Nous, dans notre histoire de vie parfois, nous compliquons les choses. Au lieu de choisir la vie, nous prenons des routes mortifères. Cet homme va guérir en croyant et en laissant agir la Parole de Jésus sur lui, en lui. Dieu ne fait pas tout à notre place. Saint Ignace de Loyola disait : “Agis comme si tout dépendait de toi, en sachant qu’en réalité tout dépend de Dieu.”* Il nous dit qu’il nous faut tout attendre de Dieu sans pour autant tomber dans le providentialisme. Dans cet abandon, il nous est nécessaire de mettre tout en œuvre pour obtenir ce qui nous semble être la volonté de Dieu… L’appel de Dieu est de vivre une juste collaboration entre lui et l’Homme, invité à participer à son œuvre. Dans les évangiles et les apocryphes, l’histoire du Christ est racontée. Or les scribes ont fait des ajouts. Dans ce texte de saint Jean, les descriptions du lieu, des portiques, de la piscine, de l’eau, sont minutieuses. Le vidage du bassin provoquait des tourbillons créant des mouvements d’eau. Des vertus thérapeutiques y étaient données. Le premier qui y descendait, était guéri. Pour les Juifs habitués aux rites et coutumes de leur loi, le Christ, Juif, entrait dans un lieu païen. Gênés par cette situation, les premiers chrétiens voulurent la cacher en ajoutant pour s’ajuster à leur loi : “Un ange descendait de temps en temps dans la piscine, et agitait l'eau.” Jn 5, 4a. Ces communautés avaient leurs racines juives très présentes à l’esprit. Plus tard l’étude biblique révèlera l’absence de l’ange dans les tous premiers écrits. En Occident, ces ajouts révélateurs de hiatus sont souvent mal assimilés. Saint Jean ne dit rien de cet homme presqu’éteint. L’initiative est prise par Jésus. Le paralysé n’a même plus le courage, la force de crier à l’aide. »

 

Tout en écoutant le Padre, je vois une pluie fine dorée tomber tout en douceur en un seul endroit.

 

« Cet homme ne sait plus prendre sa vie en main. Il est passif comme nous le sommes parfois quand nous perdons courage. Dieu connaît notre cœur, nos besoins les plus profonds. Il voit son cœur et vient vers lui. Cet homme ainsi que tous ceux qui n’ont plus la force de vivre, représentent la brebis perdue du troupeau de l’humanité. Nous-mêmes dans certaines situations de vie, voir s’approcher le Christ est source d’espérance, un chemin de résurrection. Jésus lui demande : “Veux-tu guérir ?” Jn 5, 6b. La réponse appartient à chacun de nous, dans le secret de notre cœur. À un moment, dans notre propre vie, l’envie d’être guéri est présente. Il arrive que nous ayons une telle opacité causée par l’enracinement de notre mal, de notre souffrance, que nous n’avons même plus d’espérance. Cet élan vital du désir de vivre disparaît ! Et le Christ vient nous réveiller par cet appel. Jésus en appelant ce paralysé à la vie, lui révèle la cause de sa maladie : il n’a plus envie de vivre ! Jésus ne va pas le toucher comme il l’a fait sur d’autres malades. Il va simplement lui demander de retrouver confiance en lui, en son identité, en ce qu’il est, lui, un homme debout : “Lève-toi, lui dit Jésus, prends ton lit, et marche” Jn 5, 8. Jésus utilise des verbes d’action, se lever, porter, marcher. Être couché, c’est passif. Cet homme passe d’une position couchée, immobile, de mort à un mouvement de vie, debout. Jésus lui demande de devenir actif de sa vie, de participer à sa propre guérison. Ce paralysé ne part pas de rien, il se met en route par rapport à son passé. Dieu l’invite à rentrer dans un chemin de guérison et surtout à ne pas se croire, victime. La victimisation est un fléau. Des gens trouvent un équilibre très précaire dans leur vie par rapport à leur maladie. Ils nous racontent constamment leur maladie. Ils se justifient par rapport à elle, aux yeux des autres. Ils n’ont pas un véritable désir de guérison ! Nous aussi, nous pouvons en être là, avec un sentiment d’être victime en permanence. Ces gens attendent d’être portés par les autres et ne font rien par eux-mêmes ! Les porter ne leur donne pas un chemin de guérison. Le Christ invite le paralysé, et nous-mêmes parfois, à rentrer dans une dynamique de vie par cette Parole : “Lève-toi, porte ton lit, et marche” Jn 5, 8. Il s’approche des gens qui ne désirent plus vivre. Dans notre propre histoire, nous renonçons parfois sur certains points pensant que le combat est perdu d’avance. Dieu reste empêché de nous guérir par les barrières que nous posons. Marie, mère de Dieu et des hommes, aimante, intercède afin que nos blocages se lèvent et que s’ouvre notre cœur à la Vie. »

 

* cf. Pedro de Ribadeneira, La vie de saint Ignace de Loyola"

 

Chers amis, dans le secret de notre cœur, accueillons cet évangile de Jean. Seigneur, viens me visiter, nous visiter ! En silence ! Seigneur, présent à ta présence, nous avançons vers la voie de la sainteté ! Cher lecteur, chère lectrice, venez avec nous découvrir les trésors sertis en Jérusalem… 

Bien Fraternellement. Monique Guillon / La grâce de l'Unité

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