1, chapitre 5, 2c - Le mont des béatitudes

Publié le par Monique G. / La grâce de l'Unité

Le mont des Béatitudes
Le mont des Béatitudes
Le mont des Béatitudes
Le mont des Béatitudes
Le mont des Béatitudes
Le mont des Béatitudes
Le mont des Béatitudes

Le mont des Béatitudes

Chers amis,

La grâce invisible nous nourrit... elle se fait plus vive en chacun d'entre nous... Les eaux calmes du lac nous bercent tel un enfant dans les bras de sa mère...

 "Le mont des Béatitudes où Hicham nous mène, est à peu de kilomètres. Il gare notre cathédrale roulante devant un grand bâtiment, maison tenue par des religieuses franciscaines, gestionnaires du site. Dès notre entrée, après la traversée du hall, nous accédons à une salle spacieuse remplie de tables de toutes formes et grandeurs lui donnant l’aspect d’un réfectoire. Les pèlerins et touristes de toutes nations s’y côtoient. La diversité des langues fait écho à la multitude d’hommes venus suivre les pas du Christ. En tant que pèlerins, nos âmes sont alimentées plus que d’ordinaire. Mais nos corps aussi en demandent plus. Après nos partages fraternels lors de ce déjeuner, certains boivent un café au coin bar. Traversant le hall d’entrée avec Marie-Brigitte, sur notre gauche, derrière un comptoir, une sœur nous salue. De permanence à leur boutique d’objets divers, religieux ou pas, de tourniquets de cartes postales, elle attend. Ces cartes et des sets de table représentent les lieux et édifices bâtis après le passage de Jésus. De retour en France, ces sets pourront peut-être interpeller des convives. Nos achats en main, nous sortons pour rejoindre le groupe assis dans le jardin. De cet écrin de verdure, l’église des Béatitudes est tel un joyau cachant un trésor. Située près de celle de la Primauté de Saint-Pierre, elle est surélevée sur un seul niveau. Son esplanade est pavée de dalles aux tons clairs. Certaines dévoilent des symboles encadrés de frises et associés aux vertus énoncées par Jésus : « Mais le fruit de l'Esprit, c'est l'amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la fidélité, la douceur, la tempérance. » Ga 5, 22. Notre regard est attiré par la blancheur des pierres calcaires. Elles soulignent le bord des ouvertures et celui des portiques de la promenade couverte qui enchâsse le sanctuaire. Ce blanc contraste avec la pierre basaltique prédominante en cette construction. Sa toiture au ton gris ardoise forme un cylindre octogonal arc-bouté. Elle est coiffée d’un dôme. Il s’élève au-dessus de la principale chapelle qui abrite les écritures des Béatitudes. En son sommet repose un mini-kiosque à musique surélevé de la croix du Christ. Les Papes Paul VI en 1964, puis Jean-Paul II en 2020, y ont célébré la messe. Le Pape Paul VI a offert son manteau qui est accroché dans l'église. Située sur le mont Eremos à deux cents mètres au-dessus du niveau du lac, elle a été érigée en mémoire du premier enseignement de Jésus :

« Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux !

Heureux les affligés, car ils seront consolés !

Heureux les débonnaires, car ils hériteront la terre !

Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés !

Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde !

Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu !

Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu !

Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux !

Heureux serez-vous, lorsqu'on vous outragera, qu'on vous persécutera et qu'on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l'allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux ; car c'est ainsi qu'on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous. » Mt 5, 3-12.

 

   Les Béatitudes sont une suite d’invitations nous guidant sur la voie de la sainteté. En laissant agir le Christ dans ma vie, j’accepte d’être plus ou moins martyr de l’Amour. Je renonce à certaines choses proposées par la société m’entraînant vers des morts : idoles, tentations, corruptions. Dans le monde, parfois les unes sont physiques comme les victimes de guerres. D’autres sont spirituelles par le manque du désir de Dieu. Si je suis la voie et la voix de Jésus, ces promesses merveilleuses m’unissent à lui.

 

   Nous écoutons le Padre : « La foule de pauvres, d’humbles, de doux, entourant Jésus, a soif de guérisons. Jésus lui dit ce qui peut lui advenir si elle met en pratique les Béatitudes. Dans son regard d’amour et de compassion, Jésus voit le cœur de ceux face à lui, de vrais pauvres. Son désir pour eux comme pour nous et toute l’humanité, est qu’ils accèdent au bonheur. La fidélité à son Amour donne de suivre cette voie. André Chouraqui* traduit l’heureux des Béatitudes par “en avant”, Aventis. En complétant chaque fin de verset par le nom du Christ, les Béatitudes s’interprètent mieux :

Heureux vous les pauvres de cœur, vous obtiendrez le Christ.

Heureux vous les doux, vous aurez la Terre Promise, le Christ.

Heureux ceux qui pleurent, ils recevront le consolateur, le Christ.

Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, ils seront rassasiés du Pain et du Vin venus du ciel, le Christ.

Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, ils recevront Celui qui est la justice même, le Christ.

 

Les Béatitudes sont d’abord l’autoportrait du Christ, pauvre, doux, humble de cœur, miséricordieux, assoiffé de justice. En cette journée, l’une de ces béatitudes va marquer en nous, l’empreinte de notre baptême. Baptisés, nous sommes appelés à devenir d’autres Christ. Pour nous, la première béatitude est déjà réalisée. Elle se conjugue au temps présent : “Heureux les pauvres de cœur, le royaume des cieux est à eux.” Mt 5, 3. Le chemin des Béatitudes n’est pas celui de la conquête mais de la pauvreté. Le Christ est le pauvre parfait, le plus pauvre des pauvres. Les Écritures disent qu’il ne vit qu’en dépendance au Père. Dans son Amour, le Christ prend la tête de ce chemin pour nous guider. Il désire nous faire sortir de l’illusion de nos propres richesses bâties par l’équilibre précaire de nos forces toutes humaines. Pierre pour défendre son maître, a dû mourir à son illusion de générosité : “Simon Pierre, qui avait une épée, la tira, frappa le serviteur du souverain sacrificateur, et lui coupa l'oreille droite. Ce serviteur s'appelait Malchus. Jésus dit à Pierre : Remets ton épée dans le fourreau. Ne boirai-je pas la coupe que le Père m'a donnée à boire? » Jn 18, 11-12. La présence du Christ en nos cœurs permet de nous laisser dépouiller de cette illusion avec délicatesse. Dieu n’agit pas avec violence. Son Amour est trop grand pour chaque être. Si notre vie lui est donnée, nous l’entendons. Chacun offre selon sa capacité unique. La miette, la bouchée ou l’océan d’amour que nous lui offrons, peut nous mener à la trahison. L’humilité, l’abandon, nous mènent sur le vrai chemin où Dieu va pouvoir nous révéler ce petit être caché en nous. Chacun porte cet être de dénuement, profondément enfoui en soi. Ce petit enfant que nous ne cessons de vouloir faire taire, qui pleure et appelle. Nous avons grandi en essayant de l’ignorer. Le Christ nous demande la capacité d’écouter ce petit être sommeillant en chacun et qui attend de l’aide. Cet être de fragilité, d’éveil vers le salut, peut par l’écoute intérieure être entendu. Parfois nous nous dérobons du regard de Dieu, de notre propre regard sur nous-mêmes. Tant que la reconnaissance de cette pauvreté nous sera méconnue, nos prières vers Dieu ne seront pas ajustées à la vérité. La grâce des saints, à travers leur limite du désespoir d’eux-mêmes, a été la découverte que leur humanité est insuffisante pour les combler. Ils se sont entièrement abandonnés en Dieu. Dans leur sainteté, la présence divine les a rejoints dans leur vie. Une multitude de gens pense que par leurs propres forces, ils peuvent y arriver comme nous parfois. Au temps du carême, nos résolutions de changement n’aboutissent que rarement. Dieu nous tend la main. Avec douceur, il vient désarmer et couvrir de confusion ce qui était fort en nous. Le carême nous dévoile que nous sommes des tout-petits, des pauvres : “Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.” Lc 1, 52. Ce combat est d’abord en chacune de nos vies. Cette pauvreté que nous voulons cacher à Dieu est celle qu’il désire. Or nous essayons de lui donner nos propres richesses en oubliant de la lui donner. Cette pauvreté nous met telle que le Christ, en un être de dépendance à Dieu, le Père. Rien ne peut se faire de nous-mêmes car nos dons, nous les recevons du Père. Si je laisse Dieu déployer son œuvre en ma vie, mon identité profonde se révèlera. En acceptant la pauvreté de cœur, l’entrée en son royaume s’ébauche. Le Christ est venu pour les petits. Dans les évangiles, les pauvres tels que les bergers, les gens qui ne possèdent pas forcément les statuts du monde, sont les seuls à le reconnaître. Jésus est émerveillé à la vue de la foule des pauvres, de petits. Chacun porte cet être de pauvreté qui nous rend capables de nous laisser approcher du Christ. »

 

    Après ce discours, un temps libre nous est donné. Dénudés des richesses du monde, au désert de notre cœur, nous laissons grandir en nous cet être de pauvreté, l'homme nouveau éclipsant le vieil homme. Après ce temps, nous nous regroupons et remontons dans notre cathédrale roulante."


* Voir réf."

 

Chers amis, lecteur, lectrice, frère, sœur en Christ, nous recevons et cependant, nous ne savons pas encore combien nous allons être comblés au centuple de ce que nous aurions pu espérer ! Venez avec nous si vous le désirez, pour avancer toujours plus dans la petitesse et le cœur à cœur avec le Seigneur en baignant dans l'Unité céleste...

Très fraternellement. Monique Guillon / La grâce de l'Unité

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